LES ÉCRITURES DE PATRICIA TURCOTTE

Des articles sur des sujets sociaux et vie citoyenne-politique, ainsi que des romances d'intérêts publiques. Bienvenue sur mon blog, Patricia Turcotte

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Lieu : Saint Georges, Québec, Canada

Un Vieux-Sage m'a dit:" Patricia, cherche bien dans le plus profond de ton être, ce que tu aimerais accomplir à compter de ce jour, et ce, autant dans la pauvreté financière, dans la maladie et la solitude, que dans la prospérité, la santé, ou la célébrité." Sans hésiter je lui réponds: Écrire. Ce sage me réfère alors au dicton populaire: Plus tu attends d'avoir l'air d'un ange pour agir et plus tu risques d'avoir l'air bête. Bienvenue sur ce blog ! Patricia Turcotte

vendredi 16 avril 2010

MA MAISON DE PAIX ( Chapitre 1 et 2 )

"L'homme se découvre lorsqu'il se mesure à un obstacle." (Anonyme)

MA MAISON DE PAIX

Depuis longtemps on me dit d'écrire, ne serait-ce qu'en brouillon pour l'instant, une partie de l'histoire de vie de Lara. Aujourd’hui à l'âge de cinquante-quatre ans, Lara ressent pour la première fois de son existence, réaliser un vieux rêve de jeunesse, celui de publier son premier livre virtuel.

La prévention du suicide et l'abolition des préjugés envers les gens touchés par un burn-out, une dépression ou toutes autres maladies mentales sont les thèmes principaux de son témoignage.

Extrait:

À l’automne 1992, le film du dernier souvenir de mon grand frère décédé par le suicide, refait surface dans ma mémoire à travers un lien et avec une force exceptionnelle. La fragilité émotive et psychologique ajoutée à la douleur chronique "qui rend fou", me pousse à tenter de tirer ma révérence, par une tentative de suicide au printemps 1993.

Dès mon arrivée chez moi, je me prépare pour une très longue nuit de sommeil. Agenouillée pour une dernière prière du cœur, je m’adresse à mon véritable ami intérieur:

" Merci de m’accompagner dans ce grand voyage. Pardonne-moi sincèrement ce geste de désespoir, de très grande souffrance et sûrement de haute ignorance. Je ne suis plus le maître à bord de mon navire."

Dans un semi-coma aux soins intensifs de l’hôpital, j'entrevois à mon chevet, les membres de ma famille réunis pour un dernier au revoir. Ce fut pour moi une nouvelle dimension de l'Amour à travers tous leurs visages attristés, inconsolables et très souffrants. Une douce et apaisante voix intuitive intérieure et située dans la région de mon cœur murmure doucement:

" Merci mon Dieu, tu me laisses une deuxième chance. "

Depuis ce jour, je redis redis sincèrement à l’aube de chaque jour, mon véritable Oui à la Vie, et ce, peu importe le degré de douleur physique, morale ou spirituelle qui fera toujours partie de la condition humaine.

MA MAISON DE PAIX

Je dédie ce volume...

À toi qui nourrit secrètement des idées suicidaires.

À mon fils Cédrick, ma plus grande source d’inspiration continuelle, ainsi qu'à toutes les personnes chères, amis (es), anciens collègues et employeurs, les éducateurs, bénévoles, travailleurs et professionnels qui avez côtoyés mon chemin. Merci d’avoir tous été d’excellents professeurs et maîtres.

À tous ceux qui s’éloignent des personnes qui sombrent dans un profond burn-out, une dépression ou toutes autres formes de maladies du cœur, de l’esprit et de l’âme, c’est-à-dire, qui s’effondrent dans les maladies mentales.

À toutes les familles vivant des deuils déchirants suite à la perte d’une personnes chère, survivante ou décédée suite à une tentative de suicide.

À mon frère Serge, décédé le 31 janvier 1971, suite à une tentative de suicide et à qui je dédie affectueusement ce livre.

À tous les élus au pouvoir, merci de considérer le suicide comme étant une priorité nationale.

À mon Éditeur encore inconnu et à mon futur accompagnateur d'écriture, à qui je lance une bouteille à la mer pour accomplir un premier pas avec toi, jusqu'à la correction, retouche et à la publication de ce premier bouquin.

À tous les lecteurs et lectrices de, MA MAISON DE PAIX.

PROLOGUE

MA MAISON DE PAIX, prend la forme d’une confidence adressée à chaque lecteur et lectrice et s'adresse autant aux jeunes adolescents de 12 ans, qu’aux adultes de 92 ans, et ce, qu’ils habitent au coin de sa rue ou à l’autre bout du monde. Ce n’est pas par ma vertu et encore moins par l’écriture automatique, que j’ai puisé la plupart des faits, mais directement à la source de ma mémoire, ainsi qu’à travers de nombreuses correspondances, documents médicaux et légaux.

L’ambition de ce bouquin est d'inciter les gens à briser le mur du silence, concernant les tabous et les préjugés entourant le suicide et les maladies mentales. Histoire de soulever des réflexions individuelles et collectives, afin que chacun puisse plus aisément communiquer son message d’espérance.

Ces propos racontés avec mon langage simple, franc, populaire et coloré ne sont pas à l’abri d’être émouvants, quand ce n’est pas tout simplement dérangeants et choquants. C’est avec un grand respect pour moi et pour mes proches que je partage l’impact qu’à eu l'influence de ma tentative de suicide sur moi, sur mon entourage et dans la société.

Je grillais d’envie depuis des années de voir publier une partie de ces expériences. Au-delà de la souffrance, des expériences douloureuses et des luttes passées, je suis revenue enrichie au centuple de ce grand voyage intérieur. Aujourd’hui, je poursuis ma route plus librement en laissant s’exprimer mon cœur d’enfant. Ainsi, le processus naturel du rétablissement de ma santé et de la guérison des blessures et des souvenirs se met en branle plus facilement.

Je maîtrise les dernières barrières de la gêne et de la peur des jugements et du mépris des autres. Sans oublier l’amplification possible des chuchoteries et commérages déplaisants des chipies et des commères du quartier. Ce dernier pas nécessite une surdose de cran et d’audace. Comme je le ferais lors d'un témoignage dans le mode de vie des douze étapes des Émotifs Anonymes:

"Mon nom est Lara, je suis une rescapée de l’enfer, une survivante du suicide et de l’asile psychiatrique, mais toujours une fidèle pèlerine devant l’Éternel."

Patricia Turcotte © Le 16 avril 2010

Chapitre -1-

L’espérance est un risque à courir. (Georges Bernanos)

Mon enfance

Née sous une bonne étoile le 22 avril 1956 dans la magnifique ville de Saint Georges (Québec), je suis la septième d’une famille de huit enfants. De nature extravertie en plus de jouir d’une santé florissante, je mords à pleines dents dans la vie du simple quotidien qui me fascine tout naturellement. À vrai dire, je célèbre déjà ma vie quotidienne bien ordinaire, mais que je veille constamment à rendre extraordinaire. Mon enfance se déroule dans l’harmonie, la paix et la joie. Cela ne m’empêche pas à l’occasion, de me sentir exaspérée face aux épreuves de la vie. Après tout, celles-ci débutent par le décès de ma petite sœur Martine, à peine mes cinq ans terminés.

Premier souvenir conscient

À peine trois ans, je prends conscience d'habiter dans mon corps physique. À vrai dire, ce premier souvenir conscient me permet aussi de découvrir que je suis une gamine appartenant à la planète Terre. Agrippée bien solidement aux barreaux de mon lit, papa Vic et mon frère Serge tentent de me faire lâcher prise. Ayoye..... mon petit doigt de la main gauche me fait terriblement mal. Il faut me rendre chez le célèbre Beauceron Noël Lessard de Saint Victor de Beauce ( Québec ). Ce dernier possédait un don de guérison appelé populairement un don de ramancheur. En jouant au ballon prisonnier avec mes amis, je me suis blessé un doigt. Seul ce grand bonhomme pouvait me venir en aide, affirmait papa. En réalité, la peur inconscient de cette ballade en bagnole, me terrorise déjà.

Un force s’éveille à 5 ans

C’est une force naturelle ou un don qui s'éveille étant enfant, soit de connaître occasionnellement, certains évènements qui approchent. Ce ne sont pas des révélations à la Nostradamus, fort heureusement. Possiblement pour mieux me préparer aux épreuves de la vie. Jusqu’ici, c’est la première fois que je révèle ce phénomène. D’ailleurs, qui aurait cru ma confidence venant d’un enfant de cinq ans ?

Dans ma boule de cristal

Habituellement, c’est à travers un rêve prémonitoire que je découvre une minime partie de l’avenir. D’autres fois, il s’agit d’un ressenti certain. Par exemple, assise à une salle d'attente dans un cabinet médical, tout à coup je commence à avoir très mal à un genoux. Quelques secondes après, une dame se frotte le genoux en me partageant sa douleur. Là je comprends mieux ce qui se produit d'inexplicable dans mon genoux en parfaite santé. De temps en temps, c’est une odeur de salon funéraire qui me laisse présagé un décès qui s’en vient à pas de course. Quelquefois, lorsqu’une personne me partage un moment prenant survenu dans sa vie, des frissons se font ressentir à la grandeur de mon dos. Il s’agit de quelque chose de très important à ne pas négliger, advenant une demande d’un conseil ou d’une écoute plus attentive.

Très jeune, je découvre que je dois user de prudence et de vigilance dans mes confidences. De nouveau un autre exemple concret dans ma jeunesse. Par un bel après-midi d’été où je m’amuse à notre balançoire assez élevée, mais accompagnée de papa Vic, je ressens que celle-ci va s’effondrée à coup sûr. Je partage ce pressentiment d’enfant à mon père. Ce dernier me répond gentiment que mon imagination déborde et que je m'invente une idée farfelue. Cette misérable phrase vient me surprendre au détour et plus souvent qu’à mon tour. On me dit de temps en temps que je possède une imagination débordante. Quel dommage de ne pas écouter davantage les enfants dotés de tas de dons et de forces si naturelles ! Quelques secondes suffisent pour lui démontrer que ce pressentiment n’était pas banal du tout, mais bien la réalité. Si bien que, je me suis retrouvée le bras gauche coincé sous la balançoire renversée sur moi. Voilà mon bras tout meurtrit mais pas cassé. Quelle vaine !

Dans la classe financière moyenne

En dépit de la classe financière moyenne de mes parents, je ne manque jamais de l’essentiel. À vrai dire, on se situe très près de la classe pauvre de la société. Je suis entourée de deux voisins très différents à ce point de vue. L’un se situe dans la classe pauvre et le second vit dans la classe financière plus aisée. Toute petite, je sais déjà que c’est l’argent qui mène ce monde. Pas de sous égale pas de pouvoir ni de biens plus excentriques. De toute façon, je n'aime pas du tout la luxure. Ça me permet d’observer les comportements des autres, parfois très étonnants. Certains individus appartenant à la classe plus riche se montrent prétentieux et égoïstes, alors que d’autres sont habités par une surprenante générosité. J’adhère de toute évidence à une parole évangélique qui convient à tous, autant aux gens pauvres ou riches, petits ou grands, laids ou beaux, minces ou gros, ouvriers ou notables, c'est-à-dire, que la véritable abondance loge au fond de l’intelligence du cœur. À mon avis personnel, le pire de tous les handicaps pour un être humain est celui de la sécheresse du cœur.

Qui suis-je ?

Ma force la plus élevée se transforme souvent en faiblesses, soit ma simplicité naturelle, vraie et transparente. Pour les défauts et les déficiences, ils ne sont que le contraire de mes qualités et de mes forces. Tout peut être si simple, lorsque je regarde la vie avec mon cœur d’enfant. Ouverte d’esprit, excessivement curieuse et libérale dans mes opinions, je place en certains cas, des bâtons dans les roues aux individus égoïstes, durs, snobs et présomptueux. De nature débonnaire, je n’entrevois que le côté bon des individus côtoyés sur mon chemin. Leurs côtés sombres ne me dérangent absolument pas, ne connaissant pas encore ces choses. Réservée, débrouillarde et recherchiste à mes heures, j’émerge dans la majorité des cas, des pires circonstances. Je me dis que c’est sûrement mon ange gardien qui me protège, vu que j’adhère naturellement à cette croyance.

Mes loisirs et divertissements favoris penchent vers l’écriture, la lecture, l’équitation, la natation, le camping, la moto-neige et les jeux en société. Et tant d’autres.

Je prends grand plaisir à côtoyer des individus aux tempéraments calmes, pacifiques et transparents, possédant une remarquable beauté d’âme. Christine, mon exceptionnelle amie d'enfance détient cette attachante personnalité. Je tombe facilement en pâmoison au contact des êtres sages et humanistes, ayant une grande force de caractère et d’esprit, combiné d’un authentique sens de l’humour. Les personnalités aux talents artistiques me fascinent. Ma famille en était remplie.

Quels talents artistiques !

Je suis toujours fascinée par les talents artistiques de mes frères, de mes sœurs et de mes parents. De l'accordéon et les talents de danses de June, la musique à bouche de papa Vic, la batterie, le piano et la guitare de Yan, les pièces musicales sur l'harmonium et le piano de mon frère Alex, jusqu'aux poèmes composés par ma sœur Sara-Maude qui viennent m'impressionner au plus haut point. Je tente souvent de mieux les découvrir à travers ces beau talents. À l'adolescence, je m'occupe souvent de mon petit neveu Stephen, lorsque sa maman file un mauvais coton. Dans mon cœur, j'adopte ce jeune que j'affectionne particulièrement. Cela me permet de rêver à mon futur garçon qui existe déjà dans mon cœur d'adolescente. Je sais que son prénom sera Guillaume. J'admire énormément le comédien Serge Turgeon dans un télé-roman à la télévision où il porte ce prénom. J'ignorais à ce moment-là que son père Michel deviendrait le sosie de cet artiste qui a été longtemps le Président des artistes du Québec. Puisque j'ai modifié l'identité des personnages de cette romance, je le prénomme finalement Cédrick. Un second phénomène non négligeable, c'est que j'appréciais beaucoup le changeur Rémis Roussos. Encore là, il ressemblait étrangement au futur papa de Cédrick. Peu importe ce que la vie me réserve avec Michel, puisque Cédrick m'a souvent répété en confidences, que je lui avais réellement choisit le meilleur papa du monde.

Une carrière de comédienne

En ce qui me concerne, mon plus grand talent artistique est d'apprécier et de reconnaître les talents des autres. Deux ans et demi de cours de piano ne suffisent pas pour que j'excelle comme pianiste. L'été, je deviens vite l'enseignante pour tous les gamins du coin. Je tricote des châles, des pantoufles et des couvertures de bébés. J'adore me ressourcer à la rivière en arrière de notre maison familiale pour goûter à la saine solitude en admirant la nature. J'apporte toujours mes cahiers et mes crayons pour composer des romans, ainsi que le kodak donné par Serge. À l'école, j'invente avec mes copines, des pièces de théâtres de toutes sortes.

Quant à maman July, elle m’étonne à chaque jour en vivant naturellement son mode de vie des douze étapes. Elle me transmets très tôt sa recette du bonheur:

"Le bonheur, c’est comme du sucre à la crème, si tu en veux tu dois en fabriquer à chaque jour. "

Mes préférences

Débrouillarde et travaillante, je parviens à me ramasser de l’argent de poche en gardant les enfants jusqu’à l’âge de dix-sept ans. Le jour du sabbat, c’est le temps de cirer les chaussures de papa Vic en échange de quelques sous. Il n’y a personne qui me bat pour vendre les fruits sauvages auprès des propriétaires des Hôtels de la région ou dans les quartiers plus riches. Cela me permet de concrétiser ma sortie préférée, soit de me rendre au Restaurant du coin. Lire le journal en dégustant une délicieuse frite maison avec un Cola, seule ou en présence d’une copine, me donne la motivation pour continuer mes emplois en attendant le week-end suivant. La balance de mon argent va dans la photographie, le cinéma, la peinture à l’huile et la confection de polichinelles pour les mômes du quartier.

Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers ( Proverbe )

Ce n’est pas seulement pour que tu me connaisses mieux que jécris autant de lignes sur mes talents, goûts, attirances et affinités. Bien sûr, je tiens à démontrer que je possèdes toutes les capacités pour traverser les pires obstacles et épreuves de la Vie. En plus, je t’adresse un message si tu es un jeune adolescent ou jeune adulte. Si on m’avait donné la chance de suivre un ou deux tests de personnalité en profondeur, cela m’aurait donné l’opportunité de découvrir que ma place n’était absolument pas dans le domaine des affaires et de la vente. Ce n’est qu’à l’âge de trente-six ans et quarante-deux ans que l’on m’a donné la chance de passer ces tests. Je suis fascinée par ces découvertes. Si bien que j’ai compris bien des années plus tard, pouquoi certaines situations hors de l’ordinaire furent placées sur mon chemin. De nos jours, les étudiants dans les polyvalentes peuvent accéder à ce genres de tests. Quelle chance ! Profite-en pleinement si cela s’adresse à toi, et tu ne le regretteras jamais.

Délivrer d'une grande peur

L'aller-retour au chalet familial à Saint Robert de Beauce (Québec) exige plus de trois heures de route. Je ferme toujours les yeux en attirant un repos profond ou le sommeil. Ainsi, je ne vois pas la route défilée sous mon regard apeuré. Je détiens sans trop le savoir et comme chaque être humain, une force exceptionnelle que certains nomment l'auto-hypnose et l'auto-guérison.

En se rendant là-bas, on s’accordait une brève pause au village de Saint Gédéon de Beauce. Là, mes parents donnaient joyeusement des tas de bonbons et de fruits, aux enfants d’une famille plus démunie que nous. Je me souviens comme si c’était aujourd’hui, de leurs visages resplendissants et presque lumineux, lorsqu’ils couraient à leurs maisons pour montrer ces trouvailles à leurs parents. Ils nous saluaient d’un au revoir de la main avant que l’on reprenne notre trajet en voiture. Par la suite, je me faufilais discrètement sous le siège arrière, les deux mains par-dessus la tête. Une peur indescriptible.

J’affectionne ce douillet nid de vacances localisé au bord d’un lac. Au bout du quai, je pratique la pêche et le pédalo. Quels beaux souvenirs ! Les causeries amicales et fraternelles m’emballent lors des soirées d’été, tous assis au coin d’un bon feu de bois, en compagnie des gamins et des propriétaires des chalets voisins.

Je souffre considérablement de cette intense peur des randonnées en automobile, à partir de l’âge de trois ans, jusqu’à l’âge de quinze ans. Comment je suis parvenue à me sortir de ce douloureux pétrin ? Dans ces temps-là, on ne consultait que très rarement les psychologues et les psychiatres. Je me suis toujours questionnée à savoir si on m’aurait prescrit des remèdes: Ativan, Ritalin ou des neuroleptiques.

Cette peur de gamine semblait normale pour les autres. Pour moi, elle s’avérait plus qu’ordinaire. Si bien que, je suis partie à la recherche d’un trésor enfouit à nul autre endroit que dans le creux de mon être. Ainsi, je trouverais la clef de cette prison intérieure.

Le début des classes

Vint le temps de débuter ma première année scolaire. Y faut bien que j’utilise le transport de l’autobus. Le siège en avant du côté droit du chauffeur est quasi réservé pour moi. Assurée que l’on frapperait une voiture arrivant dans le sens inverse, autant être mieux protégée. Je ne suis qu’une fillette et je me tiens toujours prête pour mourir. Ma peur devient très grande. En regardant les chauffeurs d’autobus scolaires aux airs sérieux et confiants, il me semble plus facile de contrôler la maîtrise de mes émotions.

Grâce à cette force de concentration, j’évite de devenir la risée des autres écoliers. Cela exige de ma part une grande dose de courage. Dans mon for intérieur, je me contais d’une certaine façon, des histoires que je croyais dur comme fer. Je parvenais à les imaginer bien réelles. Les enfants comme les grands possèdent naturellement une très grande force au fond d’eux-mêmes. Ces efforts de l’esprit me permettent d’arriver en classe, calme et remplie de belles énergies. J’adore les études et l’amitié de mes copines de classe.

Les erreurs médicales

Comme cite une chanson, en 1969 je suis âgée de treize ans. Avec quatres dents pourries en haut de la mâchoire, et voilà qu’à cette époque, on nous enlève sous anesthésie générale, toutes les dents du haut. Quelle ne fut pas ma déception de constater à mon réveil, que toutes mes bonnes dents du basse sont aussi enlevées. Papa Vic en colère encore une autre fois, je me surprends à l’apaiser à demi éveillée:

" Papa Vic, ne t’en fais pas pour Ti-fille, j’ai traversé bien pire que ça. De toute façon, je ressens tant de craintes incontrôlables lorsque vient le temps de consulter le dentiste, que je me sens libérée de ces peurs insurmontables. Ne porte surtout pas ta plainte, papa. "

Il est inconcevable dans ces années-là, de s’imaginer dans quelle fosse aux lions, papa se serait embarquée ?

Jésus de Nazareth

Il n’est absolument pas question de faire de ce roman, une histoire de religion et encore moins de politique. C’est très important de citer la base des enseignements reçus par mes parents et mes éducateurs, dès la petite enfance.

Lorsque je fête mes quinze ans, cette peur des randonnées en automobile s’évanouit dans l’espace. En plus, je découvre une exceptionnelle force intérieure. Peu à peu, je parviens à construire: Ma maison de paix, bâtit sur des fondations solides. Parfois, je la surnomme mon jardin intérieur, d’autres fois ma source intérieure, et dans les pires moments, Jésus de Nazareth. Celui-ci devint mon précieux ami intime, à compter de l’âge de six ans.

Si on m’avait enseigné les mêmes propos religieux, en utilisant Mahomet, Allah ou le Dalaï-lama, cela aurait été satisfaisant pour mon esprit d’enfant. Peu importe le nom de cet ami intérieur. Dans mon cœur de gamine, je ressens une conviction de me ranger du bon côté. Donc, rien ni personne ne possédais le pouvoir de me dérober ce trésor, et ce, même à travers les plus grandes épreuves rencontrées sur mon chemin. Tout cela se vit bien humblement dans le silence de mon cœur. Mon père Vic penchait un peu trop à mon goût, sur la religion catholique.

Quant ton baluchon est vide

Je ne soupçonnais pas que mon baluchon crèverait publiquement à l’âge de trente-trois ans. Tous furent plutôt très étonnés, y compris moi. Quel embarras de me retrouver hospitalisée au département de la santé mentale au printemps 1990 ! Une retentissante explosion de colères enfouies, de peurs cachés et des lourds secrets conservés trop longtemps dans mon cœur.

Voilà des trucs originaux et accessibles à tous, pour me libérer de cette grande et réelle peur d’enfant et d’adolescente. Je demande une protection du Ciel, à chaque lever du soleil. Mon père Vic fait partie du mode de vie des douzes étapes des Alcooliques Anonymes (A.A). Ce mode de vie entre dans ma vie quotidienne, depuis ma tendre enfance. Papa vient souvent en aide à des gens aux prises avec les problèmes de boisson.

Deux drogues naturelles

Voici ma première histoire dans le monde des soi-disant criminels du monde de la drogue. Prendre un brin de solitude dans la nature fut ma première drogue naturelle, dès ma tendre enfance. Avec un brin de gêne, je te partage ma seconde drogue naturelle. Assister à la messe le dimanche me permet aussi de me ressourcer en paix et avec les autres personnes de ma communauté. En réalité, cette dernière passion vient subtilement de l'influence paternelle. L'office religieux du dimanche est obligatoire dans mon enfance, à moins d'une raison très sérieuse.

Premier cadeau de Noël

À travers ce récit que j’ai retrouvé dans mon classeur, tu comprendras mieux comment je suis allée exorcisée mes propres démons. J'écris cette romance pour démontrer comment un événement banal pour les grands risque de marquer longtemps la vie des gamins. Quant un jeune enfant choisit son premier jouet de Noël, c’est parce qu’il commence à démontrer ses goûts personnels, ses aptitudes, ses attirances pour tels domaines, pour découvrir sa personnalité et son identité personnelle. Cela peut sembler banal au premier coup d’œil. Pourtant, ce sont les premiers signes non négligeables qui le conduiront vers sa destinée.

Même si j'ai sincèrement pardonné le comportement bizarre de mon père, soit de m'enlever ma Table Ouïja qui fut mon premier cadeau de Noël, je n’approuve pas son geste. D’autant plus que sa décision est influencée par son directeur spirituel très à cheval sur les principes religieux. Pourquoi étant jeune, on me refuse de découvrir mes aptitudes pour ces phénomènes captivants: rêves prémonitoires, rêves éveillés, la télépathie, une boule de cristal, la voyance, la Table Ouija, et cetera, et cetera ? Mon parcours de route m’interdit de toucher à ces domaines, dès ma petite enfance.

Une brève randonnée dans le futur

Même à l’âge adulte, tu verras comment des religieux constipés m’ont incités en se servant de la peur, à modifier ma trajectoire. À ce moment-là, je me dirigeais tout droit vers une dépression nerveuse. Dans ces moments de grandes vulnérabilités et instabilités, les gens deviennent facilement manipulables. Les charriages et les abus deviennent plus marquants sur ces sujets aussi raffinés. Ne vous épouvantez donc pas pour mon bien-être, au sujet de ce récit sur ma Table Ouija enlevée. Un homme de foi a insérée, non seulement ma Table Ouïja mais aussi mon chat Bozo, à travers ses cérémonies de prières libératrices et d’exorcistes pratiquées sur moi à l’âge de trente-trois ans. Quelle descente aux enfers sur Terre ! Pourquoi avoir choisi d'entrer dans un mouvement du Renouveau Charismatique ? Pour me libérer possiblement de toutes ces histoires effrayantes que l'on m'a inculquées dès ma petite enfance. Non seulement dans la famille, mais dans le milieu scolaire et religieux.

L’œil du cœur

Pourtant, j’ai rêvé si longtemps de porter un bandeau aux couleurs multicolores, agrémenté d’un bouton d’or pour symboliser le troisième œil ou l’œil du cœur, en me servant d’une Table Ouija ou d’une boule de cristal. Le seul but qui me motivait à choisir la Table Ouija comme cadeau de Noël, est d’enthousiasmer et d’épauler mon héros familial. Pourquoi ne pas tenter de détecter des nouvelles ressources, pour quitter la maladie mentale ?

"S’il y a eu une porte d’entrée dans la maladie, c’et donc qu’il y a aussi une porte de sortie. " ( Auteur: Patricia Turcotte )

Serge est à de rares exceptions près, un jeune homme rempli de joie de vivre. Ce n’est pas habituel de le voir dépérir aussi rapidement. Peu importe si son anéantissement provenait du monde de la drogue ou de la maladie mentale inguérissable. J'ambitionne à corps perdu de venir en aide à mon grand frère. Quoi de mieux que de demander au Père- Noël, une Table Ouija. Celle-ci donnera sûrement à Serge, des messages d’espérances et de guérisons? Qui sait ? Peut-être que sa maladie se guérit ? Ce serait un réel message d'espoir et de guérison. Même Jésus de Nazareth aurait dit-on parlé de guérison possible et non de maladie pour la vie. Quant on est enfant et que l’on croit de tout son être, aux prêchi-prêcha des évangiles et de la bible, on ne peut acquiescer que certaines maladies physiques ou mentales, n’ont aucune possibilité de guérison. Sinon à quoi servirait de déployer toutes ces grands enseignements spirituels de base, si ce n’est pas de patauger dans le monde des ténèbres ?

Aucun espoir de guérison pour Serge

C’est prioritaire d’épiloguer les raisons valables de ne pas accepter comme Serge, et comme ses encyclopédies scientifiques médicales, que la schizophrénie ne se guérit pas; comme tant d’autres maladies dites chroniques. Une seule fois au cours de mon existence, soit à l’automne 1992 et jusqu’au printemps 1993, j’ai crue que la schizophrénie ne se guérissait pas. Là, j’ai su ce que c’était que de s’en aller tout droit dans les sentiers du désespoir, tout comme mon grand frère Serge.

Je reviens donc à mes pourparlers avec Serge, lorsqu’on passait des soirées entières, à jouer aux cartes, aux dessins, aux imitations des écritures, aux dames, aux échecs. Serge me partageait comment il avait étudié la maladie de la schizophrénie, avec une tristesse à fendre le cœur:

" Cette maladie de la schizophrénie a été surnommée le cancer de la maladie mentale. Hélas Lara, toutes les possibilités que je nourrissais de guérir, me sont enlevées à tout jamais ", me confie Serge tout penaud et les larmes aux yeux.

"Les rêves de la jeunesse non réalisés reviennent toujours nous hanter." ( H. Jackson Brown )

Tout comme lui, je souscris à la plupart des messages d’espoirs enseignés par Jésus de Nazareth, le plus grand guérisseur et médecin de l’histoire. Pour cette unique raison, je suis persuadée que les encyclopédies scientifiques médicales pataugent dans l’erreur. Je ne saisis pas pourquoi Serge opte pour cette emmerdante perspective, soit de porter à vie cette étiquette de la folie. C’est pourquoi dès l’âge de huit ans, je décide de lui venir en aide en me servant de la Table Ouija. Dans ma tête et dans mon cœur de gamine, aucune autre personne que Jésus ne détient le pouvoir de me donner des réponses, à travers ce médium de la Table Ouija.

Un souhait au Père-Noël

Ce cadeau tant désiré avait été bien sélectionné, selon mes aspirations et fantaisies personnelles. Ce présent vient réellement du vrai Père-Noël, à qui j'avais réclamé la Table Ouija, accotée à la cheminée de notre maison familiale. Si bien que la table Ouija a même répondu à ma première question, au grand désespoir de Serge. L'unique question posée à Table Ouija:

"À quel âge vais-je quitter la terre "?

La Table Ouija exprime son opinion sans hésiter un seul instant et en guidant mes mains vers la réponse:

" À 56 ans."

Trahie par Serge qui a potiné mon secret à papa Vic, je perds mon premier cadeau de Noël. Quel désenchantement pour moi ! Papa recevait l'influence négative de son accompagnateur spirituel. Ce stupide homme de foi extériorise à qui veut bien l'entendre, que la Table Ouija vient du Diable et de toutes ces misérables balivernes de la religion catholique. Si bien que je n’ai pu trouvé à travers une seconde question, un truc naturel pour tenter de donner de l'espoir à Serge.

Flirter avec des criminels

À peine âgée de dix ans, je me rends à pied jusqu’au Barrage Sartigan de ma ville natale. Ma prise s'annonce excellente ce jour-là. Trois énormes poissons accrochés au bout de ma canne artisanale de bois. Alors que je retourne fièrement à la maison, voilà que j'aperçois trois gros gars barbus affichant des vestons de cuir. Sûrement un groupe de motards en règles. En vérité, je ne peux lire l’inscription sur leurs blousons. Ils s'avancent face à moi en me barrant la route.

On aurait dit qu'ils venaient de voir atterrir une soucoupe volante, d'où sortait une fillette extra-terrestre. Ils sont installés en camping sur le terrain public du Barrage Sartigan. C’est aussi à cet endroit que je découvre parfois des ossements de morts. Il s'agit d'un ancien cimetière protestant. À vrai dire, je ne me sens pas tellement séduisante, après cette longue et fructueuse partie de pêche. Leurs chuchotements à voix basses confirment mes impressions premières. Évidemment, une conversation corsée se passe entre les trois amis motards. À ce moment précis, je me rends compte de mon imprudence. Tous ces efforts pour attraper trois vieilles carpes écœurantes qui ne ressemblent pas du tout à des truites. J'avoue bien candidement avoir eu la frousse pendant quelques secondes. Tout à coup, j'entends murmurer:

"Où t'en vas-tu comme cela ?"

Évidemment je réponds à mon meilleur, surtout si je ne suis pas préparée:

" Je suis allée à la pêche et je retourne à la maison. Je reviendrai sûrement demain. Vous verrez bien que mes vêtements seront plus beaux et propres. Là, je suis toute salie et dégueulasse avec cette pêche miraculeuse."

Plus je les observe attentivement et plus ces méchants bonshommes me paraissent sympathiques. À ma grande surprise, l'un deux s'adresse à ses copains:

" Laissons partir cette fillette."

Et voilà ma première et dernière rencontre de ma vie, avec des gars appartenant à un groupe de bicycles à gaz, sûrement un groupes de motards. Je jure, Croix de bois crois de fer et si je mens je vais en enfer.

Les criminels en cravates

J'ai déjà eu bien plus peur de beaux messieurs en habits et cravates, que de ces trois bonshommes vêtus en blousons de cuir noir à têtes de mort . Avec ces derniers, je sais par les "Qu'en dira-t-on", à qui je risque d’avoir affaire. Alors qu'avec les beaux bonshommes à cravates, je parviens plus difficilement à reconnaître les bons des méchants. Par chance, je sais que je possède toujours deux bons anges gardiens: un sur la terre et l'autre au Ciel. Demande spéciale: Harley Davidson, de Brigitte Bardot.

Les personnes analphabètes

En réalité, j’aurais bien pu vivre toute ma vie en étant analphabète, d’une certaine façon. Dans les années 1965, ce n’était pas donné à toutes les familles de la classe moyenne de la société, de procurer des lunettes à leurs enfants. Dès ma première année du primaire, ce fut un combat quotidien pour lire les leçons et les devoirs au tableau. Pour ce qui est d’écouter la télévision, je n’y voyais à peu près rien. Ce fut très pénible, étant une personne visuelle, plutôt qu’auditive.

Étant située dans les dernières rangées de la classe, je dois toujours me rendre au tableau d’en avant, au pas de course. Comment agir autrement pour prendre des notes ? Intimidée mais débrouillarde, je parviens à expliquer au professeur, les faiblesses de ma vision. Cela me cause un énorme stress tout au long des sept années du primaire. En dépit de cette difficulté, je me situe toujours dans les notes moyennes.

Je rejette les prédictions du spécialiste

Il n’est pas question de vivre cette désolante situation, comme une victime. Fort soulagée, je consulte un spécialiste optométriste à l’âge de douze ans. Selon son diagnostic, il aurait fallu que je porte des lunettes dès l’âge de deux ans et demi. Celui-ci me confirme que je ne parviendrais jamais à conduire un automobile. Intérieurement, je rejette immédiatement ce sombre pronostic. Par contre, il affirme que ma peur des randonnées en automobile, s’envolerait seulement si c’était moi la conductrice. Une raison de plus de croire que j’irais chercher mon permis de conduire, dès ma majorité. Ce rêve s’est concrétisé dès l’âge de dix-huit ans, suite à un emploi nécessitant de nombreux déplacements sur la route.

Mon existence fut entièrement transformée, le jour où j’ai porté mes lunettes. Je sympathise avec raisons, avec les personnes qui sont analphabètes. Je n’ai confié à personne cette limite, avant l’an passé, c’est-à-dire, à cinquante-trois ans. En outre, je suis restée avec une certaine limite dans la langue française, comparativement aux autres personnes.

Ma vue est exceptionnelle

En écoutant la télévision, je ne voyais absolument pas les noms des acteurs, des artistes, des pays, etc. Je ressens un regret des multiples cours suivis au Cégep et à l’Université, dans le cadre de mon travail, pour négliger ma langue française. L’important est de veiller à améliorer à mon rythme, mes connaissances dans le domaine de la l’écriture. Cela ne m’a pas empêché de concrétiser la publication de ce roman. Aujourd'hui, lorsque je porte mes nouvelles lunettes, ma vue est exceptionnelle.

En 2010, avec l’aide financière pour les familles vivant au seuil de la pauvreté, les malchances de vivre des situations pareilles, deviennent plus minces que dans le passé. Je ressens toujours un grand plaisir de lire la revue Alphare, qui vient spécialement en aide aux personne analphabètes. C’est un organisme à but non lucratif, constitué en 1995 et accrédité par le Ministère de l’Éducation du Québec.

Le mode de vie des 12 étapes

Jamais de toute mon existence, je ne souffre de l’alcoolisme de papa Vic. Une seule fois durant la période des fêtes, papa file un bien mauvais bout de chemin, ayant prit seulement deux bières. Étant diabétique, la plus petite portion de boisson alcoolisée risque de l’emporter. Ce n’est que bien des années plus tard, que je reçois une surprenante confidence. Papa n’a jamais consentit à aller prendre son gâteau d’anniversaire aux réunions des A.A. La raison étant qu’à travers son travail à temps partiel comme commis comptable dans un restaurant, il consommait une bière à tous les six mois. Scrupuleux et honnête comme papa Vic, ce n’est pas surprenant.

L’autre confidence que je te confie à propos de mon père et qui vient de source sûre, s’agit du désir qu’il nourrissait à la majorité. Celui de rejoindre les rangs de la prêtrise. Étant donné qu’il fut touché par une dépression, on l’empêcha de concrétiser ce rêve. Cet exemple démontre tellement bien, comment les maladies mentales deviennent des préjugés, non seulement pour retourner sur le marché du travail, mais aussi pour réaliser son projet de vie.

César me sauve d'une noyade certaine

César, le gros chien de race appartenant à une famille voisine, me sauve d'une mort certaine, ayant à peine dix ans. Celui-ci qui demeurait toujours près de la maison de son propriétaire. Pourtant, il se met à me suivre curieusement jusqu'à la rivière Chaudière du Barrage Sartigan de ma ville natale. César se transforme donc en ange protecteur alors que je commets une sérieuse imprudence. Je me rends à une longue marche en raquette sur la glace de la rivière.. Impossible de poser un autre pied sur la glace, car César n'y consent pas du tout. Il grogne de colère. Je risque de me faire mordre si je ne rebrousse pas chemin. Avant de céder par la peur, je prends bien soin de vérifier la glace avec ma raquette du pied droit. Quelle ne fut pas mon étonnement de la voir se casser en milles morceaux. Il n'y a aucun doute, je dois retourner sur mes pas. Je ne suis plus jamais retourner en randonnée de raquette sur la rivière. Un être de la race canine venait de me sauver d’une mort atroce certaine.

Gilles Latulippe, Olivier Guimond et Michel Noël

Quel charisme étonnant détient naturellement ce grand comédien, en plus de se remarquer par ses grandes qualités professionnelles: simple, humain, drôle et intelligent, avec un humour si remarquable. Du plus loin que je me souviens de ma petite enfance, Gilles Latulippe fut mon comédien favori et mon idole d’enfance, d’adolescente et d'adulte. Ce fut le personnage qui a marqué aussi ma vie d’adulte.

Gilles Latulippe parvient à chaque émission de mon enfance, à consoler mes chagrins, ainsi qu’à déclencher des rires aux larmes. Il devint mon rayon de soleil. Pendant que la plupart de mes amies d’enfance rêvaient à leurs séduisants chanteurs préférés, je ressens de mon côté, une grande affection et admiration pour Gilles Latulippe. À chacun ses goûts et ses préférences. J’espère bien réaliser ce grand rêve d’autrefois, soit de me rendre à son cabaret pour le voir de près.

Un visage de clown

Personne ne soupçonne la peine qui s’installe sournoisement au fond de moi-même. Je possède le talent de remplacer mes larmes par des sourires de clowns. À vrai dire, je ne savais pas que je possédais déjà, toutes les aptitudes pour devenir une comédienne. Tout au long de ces écrits romancés, il est agréable de me souvenir des autres personnages ayant profondément marqués ma jeunesse, tels: Olivier Guimond et Rita Lafontaine, ainsi que Michel Noël surnommé: Le Capitaine Bonhomme. J’ai toujours admiré les chanteurs et chanteuses: L’Écho Beauceron en premier lieu, Ginette Reno, Michel Louvain, Jean Lapointe, Félix Leclerc, Édith Piaf et Charles Aznavour. Et tant d’autres ! Que ferait-on sans les artistes ?

Mes goûts à l'adolescence

Après Gilles Latulippe, j’ai eu la chance de découvrir de merveilleux comédiens, acteurs et chanteurs: Paolo Noël, Joël Denis, les comédies de Jerry Lewis. En outre, les documentaires de toutes sortes me fascinent, y compris ceux sur les animaux, les films sur la vie des Geishas, les histoires vécues, les drames, les films d’horreurs: vampires et de loups-garous. Tu saisiras beaucoup mieux très bientôt, les raisons pour lesquelles je m’évadais dans les films d’horreur. Aujourd’hui, les jeunes raffolent de: Thriller de Michael Jackson.

La mort tragique de Bozo

Bozo est mon petit chaton que je détiens depuis environ un an. Je l'aime énormément et sa présence comble un vide dans mon enfance. Jouer avec les poupées ne me passionne pas beaucoup. Je préfère les animaux de compagnie. Quel dommage pour moi et Bozo ! Papa Vic en est allergique très gravement. Discrètement, il demande à un ami de Serge, s'il accepterait de le tuer sans que j'en sois au courant, évidemment. À l'époque, la Société Protectrice des animaux ( SPA ) n'existe pas. J'espère que ce bref partage de cette profonde blessure d'enfance, fera réfléchir tous ceux qui n'ont pas de cœur ni de pitié pour les petits animaux.

Une fugue à 8 ans

Encore une fois, la vie me surprend au détour. En jouant au ballon-prisonnier avec des copains, j'entends un coup de tir à la carabine. Empressée de voir ce qui se passait au fond de la cour d'un voisin, voilà que j'aperçois Bozo en train de se faire achever à coup de bâtons avec des clous au bout. Pauvre petit chaton. Je ne possède aucun mot du vocabulaire pour exprimer ce grand chagrin. Une chose est certaine, je me suis sauvée pour pleurer en cachette, jusqu'à neuf heures du soir. Ce fut ma première fugue. Hélas, personne ne s'en est rendue compte lors de mon retour à la maison. Je comprends très bien que papa Vic souffrait atrocement de ces brûlures d'allergies. Ainsi, je suis parvenue à lui pardonner pour de bon, mais pas du tout à ce voisin.

Jamais je n'accepterais qu'un animal aussi gentil que mon chat, soit atrocement assassiné. Ce n'est qu'à l'automne 1991, lors d'une marche dans les bois avec cet ancien voisin, que je lui ai parlé de cet évènement. Il ne s'en souvenait à peu près pas, si bien que j'ai dû lui rafraichir la mémoire. La vie m'a permis par la suite de mieux accepter l'inacceptable, à travers des histoires de chats jusqu'à l'autre génération.

Chirurgienne dentiste à neuf ans

Ma grande amie et voisine Paule n'avait habituellement peur de rien. Pourtant un bon matin, elle me confie ressentir une peur incontrôlable de la piqûre du dentiste. Son rendez-vous fut cédulé pour le lendemain. Celui-ci devait lui extraire sa grosse molaire pourrit, mais non branlante du tout. Ce n'était pas humain de ne pas lui venir en aide. Assise sur le banc de toilette de notre salle de bain, et en me servant des vieilles pinces rouillées de mon père, voilà que je me sers du pouvoir du regard et de la parole, en disant à Paule:

"Paule, tu ne sentiras aucun mal, je te l'assure. Ne bouge pas et en cinq secondes, cette grosse dent sera enlevée en un tour de main. Vu que ma copine semble me faire une confiance totale, je procède à cette extraction de dent; sans aucune radiographie. Et voilà Paule, c'est terminé."

Ce fut pour mon frère Serge, qui me voit sortir de mon curieux cabinet de dentiste chirurgienne avec la grosse molaire à Paule, un exploit extraordinaire. Si bien que dans les semaines qui ont suivies, Serge se rend à son rendez-vous chez le dentiste qui devait lui plomber deux dents. Il exige de n'avoir aucune injection contre la douleur. Il m'a bien avoué que si Paule avait réussit ce tour de force, qu'il pouvait sûrement en faire autant.

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité. ( Neil Armstrong )

Il y a quarante ans, soit le 21 juillet 1969, l’Américain Neil Armstrong posait pour la première fois son pied sur la lune à la conquête de l’espace. Ce grand bonhomme qui a marqué une page de l’histoire, a cité cette phrase devenue si populaire:

« Cest un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité ».

Ce soir-là, toute la petite famille écoute l’émission à la télévision, Apollo 11. Voici un anecdote qui a marqué mon adolescence. Je viens à peine de fêter mes treizes ans. Quarante années plus tard, je découvrirai sur le Web, que cet astronaute et plusieurs autres aussi, révéleront avoir vus des extra-terrestres. C'est étonnant quand même !

Tout est bon en autant que l’on puisse s’en sortir

Voilà que mon cœur bat la chamade pour Ricardo. C’est dommage. Me voilà engagée depuis un an, avec Rémi mon premier petit ami de cœur. Ce dernier porte toujours un couteau de poche à son ceinturon. Cela me procure une meilleure confiance, surtout lorsqu’on se faufilent dans le bois pour s’embrasser. Après tout, ce fut mon premier véritable béguin pour un super gentlemen du quartier voisin. Voilà une bataille terrible qui se déclenche derrière la maison familiale. Quoique papa Vic est un homme humain, doux et compréhensif, il possède aussi des principes rigides, des grandes valeurs et une bonne autorité. Va-t-il s’apercevoir du combat qui vient de se produire tout juste à la fin de la soirée ? Toute la nuit, les pires idées me trottent dans la tête. Aux petites heures du matin, mon premier animateur favori à la radio va-t-il annoncer qu’un meurtre a eu lieu durant la nuit? Je ne ferme pas les yeux de toute la nuit. Après tout, Rémi va sûrement consentir à céder sa place à mon nouveau cow-boy Ricardo ? Ma devise à ce moment-là: Tout est bon en autant que l'on puisse s'en sortir. Voilà pourquoi cette soirée demeurera toujours mémorable pour moi !

La maladie d’Amour

Tout près de mes quatorzes ans, et me voilà en amour par dessus la tête,. Cette fois-ci, mon béguin tourne vers mon professeur d'algèbre. Quant on veut on peut, cite un proverbe populaire. Si bien que je deviens une experte en algèbre, sûrement pour attirer l'attention de mon petit chéri. La chanson intitulée: La maladie d'Amour, joue plus souvent qu’à son tour sur le stéréo de ma grande sœur, à qui j’ai confié ce secret. Ce fut à la fin de l'année scolaire que je vis impuissante, ma première peine d'amour. Ce professeur ne me regardait même pas. Son attention fut plutôt attirée vers une amie de mon patelin. Elle est vraiment la plus belle du village. Je suis convaincue de perdre à tout jamais, ma confiance en moi et en mon pouvoir de séduction. Cette blessure de l’adolescence se faufile dans un coin trop profond de ma conscience, comme tous mes plus grandes peines. Demande spéciale: La maladie d'amour, de Michel Sardou.

Agression sexuelle à l'adolescence

Vers les années 1970, je suis âgée de quatorze ans lorsque je subis très impuissante devant la gravité du geste, une agression sexuelle très sadique. Cela surient lors de mon premier examen gynécologique. Puisque mon médecin traitant est un homme, ce dernier me dit:

" Lara, je serais plus à l'aise que tu te rendes directement à l'hôpital. Ce sera une infirmière qui te fera l'examen, d'autant plus que ce sera ton premier. "

C’était une période de grande noirceur. Au tout début de l’examen, l’infirmière-religieuse m’a blessée très sévèrement. De toutes ses forces et très brutalement, elle a pénétrée son spéculum. Un cri d'horreur retentit dans tous les couloirs du Centre hospitalier. Avec méchanceté, cette religieuse infirmière sûrement en quête de sensations fortes me dit méchamment:

"Si tu crie encore, cela te fera doublement plus mal lorsque je sortirai le spéculum".

Quelle douleur atroce ! Ça m’a fait tellement mal. Après l’examen gynécologique, il y a du sang sur tout mon pantalon. La preuve est plus qu'évidente. Tout le monde me regarde comme si je débarque tout droit d’une soucoupe volante. Mon père Vic m’accompagne et il est rouge de colère, croyez-moi. Papa dit en qu’il portera une plainte aux autorités de l’hôpital. Porter une plainte à cette époque-là, aurait été une vraie tentative de suicide sociale. D’autres personnes l’ont aussi constatés de leurs yeux, et ils en reviennent tout simplement pas. Je tente de convaince papa de passer l’éponge sur cela.

Invitée à témoigner

Lors d’une invitation à rendre un témoignage de vie et d’espoir, je me surprends à relater brièvement ce pénible souvenir qui ressortait de je ne sais trop où. Je suis fortement sermonnée devant les autres, par une religieuse âgée et complètement dépassée. Cette dernière affirme à qui veut bien l'entendre, que je viens d'attaquer toute les communautés de religieuses. C’est insensé. Comment ne pas partager les faits véritables, si je désire emprunter le chemin de la guérison des souvenirs et du pardon véritable ? Si cela se produisait en ce jour, je n’hésiterais pas du tout à porter une plainte à cette personne, soit à l'hôpital ou à la police. Cet exemple donne un petit aperçu de ce que traversent les jeunes qui ont été agressés sexuellement par des religieux ou des gens au pouvoir.

Confidence au médecin traitant

J’ai pardonné à cette femme décédée aujourd’hui., ce qui m'a permis de tourner la page. Néanmoins, il s’avérait nécessaire de régler cette délicate blessure médicale du passé. Encore une fois, celle-ci avait empruntée les profondeurs de mon inconscient. La guérison des blessures a débutée le jour où j’ai osé en discuté avec un professionnel de la santé. Cette confidence intime avait lieu lors d'un examen gynécologique appelé Test de Pap. C’était seulement en l’an 2001. Écrire que la peur est complètement partie, ce serait mentir. Heureusement, il y a des infirmières et des professionnels de la santé très compréhensifs. Cela m’a aussi permis de me réconcilier peu à peu avec la médecine.

Chapitre -2-

DIS-MOI CE QUE TU AS TRAVERSÉ ET JE TE DIRAI QUI TU ES ?

La dépression de mon frère

Je viens à peine de franchir mes huit ans, qu’une tragédie inattendue survient dans ma famille. Du jour au lendemain, mon grand frère Serge que j’affectionne plus particulièrement, sombre dans une profonde dépression. Rien ne laisse présager un tel détour, vu sa nature ingénieuse, idéaliste et créatrice. Son côté intellectuel, sa force de caractère et sa vivacité d’esprit me fascinent et me séduisent. Mon héros favori et mon frère idéal: voilà ce que représente à mes yeux, mon grand frère Serge.

Il revient de son travail d’été en Ontario, triste comme un bonnet de nuit. Je ne comprends plus rien, tellement mon frère est méconnaissable. Je me sens démunie et faible devant cette situation embarrassante, voire même gênante et honteuse, dans la famille et dans la société. Serge a désormais la mort dans l’âme. Tous ses meilleurs amis l’abandonnent à tour de rôle, confrontés à leurs limites. Mon héros à la triste figure me désole. Les derniers souvenirs que je conserve de Serge, resteront gravés dans ma mémoire.

Un dernier au revoir

Agenouillé auprès de son lit pour réciter sa prière matinale, Serge me sourit bien tristement en passant près de sa chambre. Du signe de la main, il m’envoie son dernier au revoir. Je pressens que je conserverais dans le fond de ma mémoire, ce souvenir émouvant. J’ignorais à ce moment-là, qu’un événement semblable viendrait mettre en branle à travers un lien, un scénario semblable dans ma propre existence.

Les instants passés en présence de Serge évoluent en heures pénibles et désagréables. Sa manière bizarre de me serrer le cou jusqu’à ce que je suffoque, me terrorise. Des fois, il se faufile à l’improviste dans ma chambre, pour m’étouffer juste avant de m’endormir. Subitement, il s’arrête en me soufflant à l’oreille.

" Je reviendrai finir cette nuit. "

Son regard fixe me flanque des frissons dans le dos. Une réelle terreur me glace les veines, lorsqu’il me raconte en détails, ses traitements d’électrochocs vécus à froid, lors de ses séjours en psychiatrie à l’hôpital Saint-Germaine, devenu le Sanatorium Bégin. Les gens qui vivaient une simple dépression nerveuse se trouvaient chanceux d'être hospitalisés à l'hôpital. Néanmoins, ceux comme mon frère que l'on surnommait les fous du patelin, se retrouvaient hospitalisés à l'asile psychiatrique, avec les cas très lourds.

Je livre à certains moments, mes ennuis et mes hantises à mes parents. Ceux-ci se saignent aux quatre veines, pour me rassurer et me protéger au meilleur leurs capacités. Je ressens, à quelques exceptions près, être coincée dans un sentiment de trahison à l’égard de Serge. Toute jeune, les serrements de cœur, les sentiments de profondes impuissances, de hontes et de culpabilités planent dans mon subconscient comme des ombres noires. À certains moments, j’ai le toupet d’acheminer cette minable prière à destination du Papa des Cieux:

"Que Serge sacre une fois pour toutes, son camp du nid familial. Je suis à bout d'être prisonnière de son fantôme vivant ! "

Graffiti secours à 12 ans

Cela se passe au cours d’art plastique du secondaire 1, appelé à l’époque 1968-1969, la 7ième année du primaire à l’École Sainte Jeanne-D’Arc de Saint Georges (Québec). Je suis âgée de douze ans et je m’ennuie à mourir dans ce cours. Pourtant, l'enseignante très intéressante ne manque pas de gentillesse et de compréhension. Ce fut mon premier acte d’élève rebelle, à travers ce Graffiti-secours.

À vrai dire, on traverse une trop grande épreuve dans ma famille. Sous mes airs d’adolescente paisible et heureuse, je vivais une réelle prise d'otage à la maison. Cette misère a débutée à l'âge de huit ans, pour prendre fin à quinze ans au décès de mon grand frère Serge.

Serge, qui était pourtant un jeune adulte doux et généreux avec tout le monde, me fait très peur après être devenu malade psychologiquement. Le suicide et les maladies mentales représentent des sujets tabous, autant dans la famille que dans toute la société. Je ne confis jamais à qui que ce soit, le drame que je vis à la maison; ni même à mes camarades de classes ou à ma grande amie d’enfance. Plusieurs savent très bien le drame que nous traversons.

Un talent caché pour les Graffitis

Je me souviens comme si c’était hier, qu’en plein milieu du cours d’art plastique, je me suis faufilée dans la salle de bain, avec les couleurs et les pinceaux, en prenant soin de demander à mes amies de ne pas me stooler. Alors sans réfléchir plus longtemps, me voilà en train de peinturer en couleurs psychadéliques, mon premier Graffiti. Sauf que dans la salle de cours, il n’y a qu’une seule fenêtre. Malheureusement elle se trouve dans la salle de bain. Je crois avoir dessinée toute la colère, la peine et l’impuissance que je ressens dans mon for intérieur. Même le professeur me laisse voir que ma peinture n'est pas banale et représente de profonds chagrins. Plusieurs professeurs et élèves de l'école se sont empressés de la féliciter par la suite.

Personne de ma famille et ni les amies de mon entourage familial ne se doutent de mon petit côté révolutionnaire. pacifique. Sûrement que celui-ci sommeillait à l’étât latent. Pourtant, j'en ai gribouillé des tas de S.O.S sous forme de Graffitis sur les pierres du Barrage Sartigan et dans le cimetière protestant. En réalité, je dois avouer le grand bien-être intérieur que m’a procuré l’effet de dessiner mes émotions négatives, trop longtemps refoulées au creux de mon être. Je me souviendrai toujours de mon professeur d'histoire et de géographie. Discrètement, il m'accompagne à travers ce drame, ayant aussi fait la classe à mon frère Serge. Le jour de son suicide, j'ai passé tout son cours dans la lune à regarder par la fenêtre. Je me doute inconsciemment du malheur qui approche à grand pas.

Prisonnière du fantôme de mon grand frère

La mort de mon grand frère Serge ne fut pas la fin de mes misères. Deux ans plus tard, mon père Vic décède sous mes yeux, d'un infarctus du myocarde. Trois jours plus tard, à travers un songe du petit matin, celui-ci vient me visité en songe. Quel beau souvenir de papa Vic. Il me dit à deux reprises:

" Lara, demande de l’aide ".

Mais à qui veux-tu que je m'adresses papa Vic, pour demander de l'aide ? Je n’ai pas appris à demander de l’aide, à part celle de Jésus. Pourtant, je reconnais des années plus tard, que je me trouvais prisonnière du fantôme de mon frère décédé par le suicide. Il me suit sans cesse et il me harcèle. Tous les deux nous avions besoin d'une aide.

Cherchez et vous trouverez

Ce n'est qu'à l'automne 1992 que je demande l'aide à Roland D'Aigle. J'aborde ce sujet dans un autre chapitre. Comment se fait-il que personne n’explique aux jeunes, ces phénomènes-là ? L’aide véritable ne tombe pas du Ciel, mais elle passe par le cœur, les yeux, les mains et les talents des autres personnes autour de nous.

L’importance des organismes communautaires pour les jeunes

Les jeunes qui traversent ce genre de situations ont grand besoin de ressentir un sentiment d’appartenance,. Par exemple, en se rendant auprès d’un organisme communautaire. Tout comme ils ont sûrement besoin de recevoir l’accompagnement d’amis et de professionnels pour des problèmes tels que le suicide, l’alcool, la drogue, la prostitution, le crime, etc. L'original de ce témoignage romancé est publié sur le site de Raymond Viger:http://raymondviger.wordpress.com/2009/08/01/graffiti-secours-a-12-ans/

Suicide de mon frère

Sa maladie impose tout bonnement la loi du silence. Le nouvel entourage obscur du monde de la drogue rôde dit-on, autour de Serge. J’observe avec circonspection les grandes personnes de ma famille, réagir à propos de cette désolante situation. De nature très sensible, je ressens et perçoit aisément leurs profonds chagrins. Une détresse psychologique, silencieuse et pernicieuse transforme avec une main de maître, mon adolescence en cauchemar.

À peine vingt-deux ans, Serge choisit comme tant d’autres, sans doute avec un profond chagrin, de fermer le livre de sa vie, par un acte de détresse: le suicide.

En dépit de cette malheureuse coïncidence, j’éprouve une réelle délivrance de son départ inattendu. Je me contrebalance à ce moment là, qu’un évènement semblable puisse venir déclencher un scénario presque identique. Selon ma perception des évènements et en dépit des années et des apparences, je ne me remettrai de cet épisode dramatique, qu’aux calendes grecques.

Une confidence de source sûre

Bien des années plus tard, une confidence de source sûre me vient à l’oreille. Le triste jour du 31 janvier 1971, Serge a été empêché de se rendre à sa première journée de travail, au Soleil de l’Enfance. Il devait œuvrer comme préposé aux bénéficiaires, auprès des personnes atteintes par de graves maladies intellectuelles, par exemple, la Trisomie 21. Cette personne qui m’a confié ce secret n'a jamais vu de toute son existence, une injustice aussi grave.

Arpenteur-géomètre à l'Université Laval

Pourtant Serge était un brillant étudiant à l’Université Laval, et rêvait de devenir arpenteur-géomètre. Tous croyaient fermement qu’il rodait dans le monde de la drogue. Personnellement, je crois que Serge n’était pas si drogué qu’on le prétendait et ni un schizophrène. C'est toujours plus facile de classer vulgairement certains dossiers qui pourraient déranger, choquer et troubler les droites consciences. Et si je vous disais que certains personnages colorés se présentaient quelquefois à la maison, pour nous avertir d’un grave danger pour toute la famille. Ça, je l’ai vu et entendu de mes propres yeux. Encore là, on doit pas révélé ces épisodes dramatiques qui risquaient de déranger le système bien établit de l’ordre social. Sur le certificat de décès de Serge, ils ont inscrit: schizophrène.

Briser les chaînes du suicide

Dans un autre chapitre, tu pourras voir comment le même diagnostic aurait pu être inscrit sur mon certificat de décès, suite à ma tentative de suicide. Suite à des confidences sérieuses, crois-moi que je suis partie dans l'enquête de ma propre tentative de suicide. On soupçonnait déjà mon plus grand ami Michel d'être le présumé criminel advenant mon décès. Pas suffisant, je suis mis au banc des accusés de flirter avec des criminels du monde de la drogue. Je reviens un peu plus loin sur cet épisode à éclaircir, une fois pour toutes. Ces accusateurs auraient grands intérêts à partir à la conquête de la guérison de leurs blessures de jeunesses.

Démunie et impuissante

Je ne comprends plus rien.. Mon héros d’enfance devient méconnaissable. Je me sens démunie et impuissante devant cette situation embarrassante, voire même gênante dans l’entourage et la société. Serge a désormais la mort dans l’âme. Tous ses meilleurs amis y compris les êtres chers, l’abandonnent à tour de rôle. Tous confrontés à leurs limites humaines, bien entendu. Mon héros à la triste figure me désole. Il m’a demandé un dernier service avant de se suicider. Ayant fabriquée un gros chapelet en noyau de pêche, Serge désirait y placer le dernier grain de chapelet, la veille de son décès. À mon profond regret, je lui ai refusé égoïstement ce minime service, en lui répondant froidement.

- "Les fous ne touchent pas à mon chapelet."

L'adieu de mon frère

Des larmes ont coulées de ses yeux attristés. Les sentiments de culpabilités et d'impuissances ont engorgés longtemps mon cœur meurtrit par la peine. J'envoie à Serge trois demandes spéciales, la mélodie que tu désirais tant entendre avant ton départ: L’adieu du soldat, du soldat Lebrun. Ta seconde chanson favorite: La scène, de Claude Léveillé. Et, après lui avoir permit de poser ce noyau de chapelet, je lui aurais fait joué la chanson de Georges Hamel: Mon gros minou. Cette mélodie raconte l’histoire d’un jeune homme de vingt ans, qui désire en finir avec la vie.

Dans une autre dimension

Mon grand frère possédait une qualité exceptionnelle, soit celle d’être profondément humain. Il n’aurait jamais fait volontairement de mal à une personne. On ne doit jamais oublier que Serge a accomplit autre chose dans sa vie, que de vivre une grande dépression nerveuse et de mourir à l’âge de vingt-deux ans, suite à une tentative de suicide. Le portrait souvenir de Serge renaît de ses cendres, à travers ce roman réalité. Je crois sincèrement que le plus grand chagrin causé à un être cher qui décède suite au suicide, c'est bien d'agir comme s'il n'existait plus dans une autre dimension.

Un signe d’au revoir

Les derniers souvenirs que je conservent de mon frère, resteront toujours gravés dans ma mémoire et à travers ce récit: Agenouillé auprès de son lit pour réciter sa prière matinale, Serge me sourit tristement et du signe de la main, m’envoie son dernier au revoir. Lorsque je suis revenue de l’école à la fin de l’après-midi, les policiers sont à la maison. Serge venait de s’enlever la vie par une tentative de suicide.

Mon héros mort au combat

À l’époque, je désirais vraiment visualiser cette triste scène. Les policiers ont dû asseoir leurs autorités en me refusant cette demande. Je les comprends très bien aujourd'hui. Les êtres chers qui ont osés escalader l’étage qui les séparaient de Serge, en sont sûrement restés marqués pour la vie. Combien de temps devrais-je encore avaler des couleuvres en vivant dans la négation, les cachettes, les mensonges, les hypocrisies et le déni ? Grande devenait ma colère intérieure. Il arrive parfois que le temps n’est pas idéal pour visionner un drame d’une telle ampleur.

D’un autre côté, la vie a exaucée mon vœu en 1992, quelques mois avant ma tentative de suicide. Ce n’est pas donné à tous de voir l’endroit où se retrouve une personne aimée décédée par le suicide. Partager ce rêve dans un chapitre plus loin, peut contribuer à élargir les connaissances à propos du suicide. Selon ma perception personnelle, les personnes chères décédées par le suicide, poursuivent leurs chemins d'évolution à côté de leurs proches, tout simplement.

Quoique ce paragraphe au sujet de ce rêve spécial entre dans un chapitre plus loin de ce bouquin, je crois important de l’inscrire une première fois dès ce stade-ci.

Rêve spécial à l’automne 1992

Je visionne dans un rêve mon frère Serge décédé par le suicide le 31 janvier 1971. Une étrange et éprouvante scène se présente à moi.

Tout penaud, Serge se tient debout, face à face avec son cadavre meurtri, gisant dans une énorme mare de sang. Comme une nette impression de faire un voyage aller-retour, non seulement dans le passé de mon frère, mais aussi dans sa réalité invisible. Il m’invite à regarder ce diaporama d’autrefois, survenu dans sa chambre de notre maison familiale. Je vois très bien l’arme à feu, à côté de son corps sans vie. Je constate sans l’ombre d’un doute, que sa bévue a irrévocablement tournée en eau de boudin. Serge semble désemparé et isolé depuis la nuit des temps, dans sa terrifiante solitude.

On ne connaît pas le futur

J’ignorais à cette époque-là de ma vie, qu’un événement en apparence banal, viendrait tôt ou tard mettre en branle un scénario semblable, dans ma propre existence. Jusqu’à ce que je débute un journal intime sur mes rêves, je ne savais pas du tout que Serge criait au secours pour recevoir de l’aide et que j’avais aussi besoin d’aide.

Dans l’ombre de mon frère

Mon adolescence se prolonge dans l’ombre de mon frère Serge. Par mesure de protection, j’enfouis ces déchirants souvenirs, dans un tiroir profond de mon subconscient. Par la force des choses, le masque de clown et le jeu de l’autruche maintiennent viscéralement en vie, mes boucliers de protections et mes armes de défenses.

Patricia Turcotte © Le 17 avril 2010

À suivre: Chapitre -3-

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