LE VISAGE DE LA MORT ET DE LA VIE
Il y a quelques années déjà, un vieil homme malade depuis plusieurs années, attendait inlassablement que la mort vienne le délivrer de son minable état. Tous ses enfants le visitaient chaque jour, jusqu’à ce qu’il rende son dernier soupir. Un grand compagnon de route qui se trouvait son fils, m’avait invité à le visiter un samedi après-midi. Quel ne fut pas notre étonnement de constater que ce fut sous nos yeux incrédules, que le papa de John a rendu son dernier soupir.
Je ne sais quels mots utilisés pour détailler précisément cet extraordinaire et triste événement à la fois, en rapport avec la mort. Si nous n’avions pas été trois personnes à être témoins de cet inoubliable visage de la mort, soit mon ami John, l’infirmière du CHSLD et moi, je n’oserais pas vous le raconter, de crainte de ne pas être pris au sérieux. Je lui tenais donc la main, pendant que son fils lui prenait affectueusement l’autre main, tout en le réconfortant. John lui murmurait doucement à l’oreille: « Vas-y papa, on te laisse tous partir, n’aie pas peur, nous t’accompagnons pour ce magnifique voyage là-haut ».
Notre principal héros âgé d’environ 88 ans, nous a fait toute une surprise inattendue, lorsque soudainement il est devenu tout souriant, comme s’il recevait la visite de son ange gardien. Ensuite, son visage est devenu tout éclairé, comme s’il y avait au-dessus de lui, une caméra vidéo aux douces couleurs multicolores rayonnantes. Tout doucement, il s’est apaisé comme pour prendre son envol, en fermant doucement les yeux, mais en conservant son visage apaisé et resplendissant. Comme si ce cadeau de départ n’était pas amplement suffisant, le vieil homme me serre doucement la main, comme pour me remercier.
Pourtant, il n’avait plus aucune force dans ses mains, quelques secondes auparavant. Tout comme son visage blanchit, fatigué et vieillit ne montrait plus aucun signe de plaisirs ou de vie.
Je connaissais à peine ce courageux bonhomme, même s’il était le père d’un grand ami. Je l’avais visité à quelques reprises, mais il était toujours allongé dans son lit, en attendant que passe le train de la mort. Je me sentais un peu mal à l’aise d’avoir assister à ce superbe départ, alors que ses enfants qui le visitaient à chaque jour, n’avaient pas eu cette chance de l’accompagner à son dernier repos.
La vie m’a présenté un si beau cadeau ce jour-là, que j’ai décidé de l’apprécier sincèrement, en disant simplement merci. J’ai laissé consciemment s’envoler le léger sentiment de gêne et de culpabilité, qui m’avait visité face à toute sa famille, sans me poser milles questions. Depuis cet événement, 50% de mes peurs devant le visage de la mort, se sont évanouies sur le champs. À part le partage que John et moi avions fait aux membres de sa famille, c’est la première fois que je partage ce simple et grand bonheur du quotidien. Vu que je place cette romance sur l’ordinateur, en ce dimanche de Pâques, cela tombe à point pareil.
Patricia Turcotte © Le 12 avril 2009
NOTE: Photo provient du site: École Fernand Séguin de Montréal
Libellés : ROMANCES D'UN JOUR
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